27 novembre 2010

Ford T Speedster - 01 : la Génèse

Tout commence à Sedan, dans les Ardennes, au mois de juin 2008, pour le centenaire de la Ford T. J'y suis venu avec ma camionnette et mon ami Modeste Tréhin. Un curieux speedster (littéralement : un engin fait pour la vitesse) fait sensation. Mi-voiture de course, mi-engin de raid, il semble tout droit sorti des aventures d'Indiana Jones ou de la Croisière Jaune. Son propriétaire, Jean-Marie Frisque l'a d'ailleurs baptisé « Silk Road », Route de la Soie. Déjà propriétaire de plusieurs Ford T, il a longuement imaginé celui-ci avant de le faire construire par Jean-Pierre Hombert, le célèbre Docteur T qui a, entre autres, assuré la restauration de ma camionnette...


Avec Modeste, nous tombons sous le charme : Jean-Marie est très sympathique, et sa voiture est terrible, sans concession : un châssis, deux baquets derrière un petit auvent, un semblant de coffre arrière surmonté d'une malle en osier, quelques accessoires savamment disposés et la voilà prête à affronter les routes les plus difficiles !... Moi qui ai toujours rêvé du minimum automobile, je me verrai bien traverser (au moins) la France derrière le volant d'un engin similaire... Pourquoi ne pas construire quelque chose dans le même esprit ?

Nous demandons  d'abord à Jean-Marie si ça ne le gêne pas qu'on fasse des autos largement inspirées de la sienne. Il n' y voit pas d'inconvénient, au contraire : bienvenue au Club ! Puis nous demandons à Jean-Pierre Hombert, la faisabilité d'un tel projet, et le prix de revient pour deux voitures. « L'idéal, nous répond-il, serait d'en faire trois, ça permettrait d'amortir mieux la fabrication... Et  j'en ferai bien une quatrième, pour moi ! » Il faut donc trouver un troisième larron, et surtout les bases de départ, des chassis complets avec la mécanique. Je commence à penser à la carrosserie de ces speedsters qui seront taillés plus pour la route que pour la course. Il faut pouvoir emmener des outils, un minimum de pièces de rechange et quelques affaires...

Le 1er juin 1909, pour faire la promotion de son nouveau modèle, Henri Ford avait engagé deux Ford T dans la course « Coast to Coast ». Une épreuve dantesque de New York à Seattle, sans aucune route existante : 6700 kilomètres de pistes défoncées, de poussière, de boue et même de neige... Le règlement était simple : tout était permis, sauf de prendre le train... Les Ford arriveront trois semaines plus tard aux deux premières places. Les deux voitures victorieuses étaient carrossées sommairement, avec deux baquets, et une simple caisse en bois. J'aime beaucoup leur look, et je tiens à cette petite caisse recouverte d'une toile pour emmener les bagages... Par contre, il ne faut pas non plus qu'elles ressemblent à des pick-ups : la caisse doit rester petite, et contenir le réservoir.

Je fais quelques croquis que nous soumettons à Jean-Pierre. Il est bien évident que ces voitures n'auront rien d'authentique, mais seront construites avec des pièces d'origine, comme on aurait pu le faire à l'époque. Quand on voit l'état des bases de départ que nous avons récupérées et les 15 millions de Ford T construites, je pense que personne ne s'insurgera en les voyant... Il ne s'agit pas d'une Bugatti 35 ou d'une Delahaye 135 course, mais d'une bonne vieille « Tin Lizzie » (bonne ferraille, surnom de la T) qui reprend du service pour s'amuser !

Reste à trouver ces bases ! Modeste possède déjà un châssis roulant en bon état, et l'équivalent d'un autre en morceaux, plus quelques pièces diverses. Nous trouvons un autre châssis à peu près complet chez un professionnel de la pièce ancienne. Nous rassemblons tout ça, et nous faisons deux voyages à Stenay à la fin de l'été 2008...  Jean-Pierre peut commencer à travailller, en attendant de trouver un complice pour la troisième auto !

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